Notre histoire
Le bazar de Cukuk
Le petit coucou n'avait pas de nom. Il n'avait pas non plus de chez-lui, pas de véritable en tout cas. Ses journées étaient un tourbillon de perchoirs fugaces sur des auvents poussiéreux et de vols précipités entre les canyons de béton de la ville. C'était un coucou, et son instinct lui disait de trouver un nouveau nid, car la ville regorgeait de nids humains, et aucun ne lui semblait vraiment approprié.

Un jour, son errance le conduisit aux abords de la ville, dans une petite rue pavée, où le gris habituel laissait place à une explosion de couleurs. Au bout de la rue, dissimulée par une végétation luxuriante, se dressait une devanture de magasin isolée, comme il n'en avait jamais vue.

La vitrine était un fouillis d'objets fascinants et étranges : une théière en forme de chat effrayé, une lampe à la base de racines torsadées et une collection de visages en céramique aux expressions allant de la joie à la grogne. C'était un monde de surprises, collectionné et organisé avec soin. Une petite enseigne peinte à la main au-dessus de la porte indiquait « Le Bazar Curieux ».

Hésitant, il sauta sur l'encadrement de la porte ouverte, le cœur battant la chamade. L'air intérieur sentait la poussière et le vieux bois, mais aussi une odeur chaude et réconfortante, comme le cidre épicé. Une mère et ses deux jeunes filles, âgées de dix ou onze ans à peine, s'affairaient à ranger une étagère de figurines aux peintures complexes. L'une d'elles, aux longues tresses, le remarqua la première.
« Regarde, un coucou ! » murmura-t-elle, les yeux écarquillés de joie.
L'autre fille, les cheveux relevés en un chignon désordonné, rigola. « Il a dû s'envoler d'une horloge ! Bienvenue Monsieur Coucou ! »

Et comme ça, il avait un nom ! Il s'enfonça plus profondément dans la boutique, la curiosité prenant le dessus sur la peur. Le bazar était un véritable trésor d'étrangeté et de merveilles. Des œuvres d'art murales, vibrantes d'une vie propre, côtoyaient des horloges fondues et des ornements en forme d'animaux.
Des tasses avec des créatures fantastiques peintes dessus étaient posées à côté de lampes de table en forme de champignons.

Ce n'était certainement pas un bazar ordinaire ! Pas d'épices, pas de textiles, juste un assortiment infini de curiosités délicieuses et fantaisistes. Le coucou se sentait proche de ces choses, de ces objets magnifiques et originaux, pleins de caractère.
Il apprit vite le rythme du bazar. Il se réveillait avec le soleil matinal, annonçant le jour nouveau d'un doux « coucou ! » depuis son perchoir sur une horloge de parquet. Il regardait les filles, Nia et Myrtle, épousseter les étagères pendant que leur mère saluait leur père.

La famille lui laissait de petits bols d'eau et de chapelure, et il lissait ses plumes, se sentant plus à l'aise qu'il ne l'avait jamais été auparavant.
Son endroit préféré était un nid douillet qu'il avait fabriqué avec de vieux rubans et du feutre doux, dans un coin oublié, derrière une collection de globes vintage. De là, il pouvait observer le monde défiler.

Il vit les visages émerveillés de clients, leurs doigts traçant les lignes d'un globe miniature ou s'émerveillant devant une lampe en forme de dragon. Il vit les visages de Myrtle et Nia s'illuminer lorsque quelqu'un trouva une pièce qui leur parlait.

Il n'était plus un simple animal errant. Il était le coucou du Bazar Curieux. Il faisait partie de la famille, aussi curieux et original que les objets qui remplissaient la boutique.
Et chaque fois qu'un ancien client demandait où étaient les nouveaux « Coucous » sur l'enseigne, Nia et Myrtle souriaient et désignaient le petit oiseau sur l'horloge du grand-père, qui criait fièrement son nom : « Coucou ! Coucou ! » comme pour confirmer :

« Oui, c'est moi. Et c'est ma maison ! »
"Le Bazar du Coucou !"